Pourquoi on parle autant des allergènes aujourd’hui ?
Pendant longtemps, on conseillait de retarder certains aliments “à risque” (oeuf, arachide, fruits à coque…).
Les recommandations ont évolué : on sait maintenant qu’une introduction progressive et encadrée pendant la diversification peut, au contraire, diminuer le risque d’allergie chez certains enfants à risque.
Mais pour un parent, ce n’est pas plus simple : quand ? comment ? que surveiller ?
L’idée de mon article :
- vous expliquer quels sont les principaux allergènes,
- vous donner des repères sur comment on les introduit en pratique,
- et quoi faire en cas de doute.
Les principaux allergènes chez bébé
Liste des allergènes fréquents
Je vous mets les allergènes principaux ici :
Lait de vache (protéines de lait de vache, PLV)
Oeuf (surtout le blanc)
Arachide (cacahuète)
Fruits à coque (noisette, noix, amande, pistache…)
Poisson
Crustacés / mollusques
Soja
Blé (gluten)
Sésame
Moutarde
Céleri
Vous n’allez évidemment pas tout introduire en même temps : l’idée est d’y aller petit à petit, dans le cadre de la diversification, en suivant toujours votre pédiatre.
Où se cachent ces allergènes ?
Petit tableau mémo (non exhaustif) :
| Allergène | On le trouve souvent dans… |
|---|---|
Lait de vache | Laits animaux, yaourts, fromages, beurre, crème, préparations industrielles (purées, biscuits, plats cuisinés…) |
Oeuf | Gâteaux, crêpes, pancakes, brioches, quiches, certaines pâtes, panures… |
Arachide | Beurre de cacahuète, pâtes à tartiner, barres de céréales, biscuits, certains plats asiatiques… |
Fruits à coque | Poudres d’amande, pâtes à tartiner, mueslis, pâtisseries, certaines sauces… |
Poisson | Poisson frais / surgelé, bâtonnets de poisson, rillettes… |
Crustacés / mollusques | Crevettes, moules, calamars, surimi… |
Soja | Boissons végétales, tofu, sauces industrielles, certaines charcuteries… |
Blé (gluten) | Farine de blé, pain, pâtes, biscuits, panures… |
Sésame | Houmous, pains aux graines, huiles, crackers… |
Moutarde | Moutarde en pot, vinaigrettes, sauces, certaines préparations industrielles… |
Céleri | Bouillons, soupes, plats préparés, condiments… |
À partir de quel âge introduire les allergènes ?
Les recommandations récentes vont plutôt vers une introduction précoce mais encadrée, en particulier pour l’oeuf et l’arachide, surtout chez les enfants à risque (eczéma modéré à sévère par exemple).
Dans tous les cas, on suit les recommandations de son pédiatre et les plans en cas d’allergie déjà connue.
Repères indicatifs
Ces tranches d’âge sont des repères généraux. Votre pédiatre peut vous proposer un calendrier différent selon votre bébé.
Âge de bébé Ce qu’on fait en général avec les allergènes 4/6 mois Démarrage de la diversification (si recommandé par le pédiatre). Goûts de légumes / fruits, parfois traces d’oeuf bien cuit dans certaines préparations. 6/9 mois Introduction plus systématique de l’oeuf bien cuit, du blé, du poisson dans de petites quantités. Selon contexte médical, introduction très progressive de l’arachide en quantité minime (beurre de cacahuète lisse, bien dilué). 9/12 mois Petites quantités de fruits à coque très finement mixés, sésame, soja… en fonction de ce qui a été validé avec le pédiatre. Bébé partage de plus en plus de choses avec le reste de la famille.
L’idée générale : ne pas “bloquer” un aliment pendant des années juste par peur, mais ne jamais le proposer au hasard, surtout si votre bébé est à risque !
Comment introduire un aliment allergène en pratique ?
Les règles
- Bébé doit être en forme (pas de fièvre, pas de grosse maladie en cours).
- On introduit un seul nouvel aliment allergène à la fois.
- On commence par une très petite quantité, bien mélangée avec un aliment déjà toléré.
- On privilégie le midi plutôt que le soir, pour pouvoir surveiller plus facilement après.
- On observe bébé pendant quelques heures : peau, respiration, comportement.
- Si tout va bien, on peut répéter l’introduction dans les jours qui suivent, toujours en petite quantité.
Exemples
Oeuf bien cuit :
– un peu de jaune d’oeuf dur écrasé dans une purée de légumes déjà connue,
– ou un petit morceau d’omelette bien cuite mixée.Arachide :
– jamais de cacahuètes entières (risque d’étouffement),
– ½ cuillère à café de beurre de cacahuète lisse, très bien diluée dans une purée (texture fluide, pas collante),
– selon les recommandations du pédiatre, surtout si bébé a de l’eczéma.Fruits à coque :
– poudre très fine d’amande ou de noisette mélangée dans une compote ou un yaourt,
– jamais de morceaux entiers ou de gros éclats avant plusieurs années (risque de fausse route).
Quels signes doivent alerter ?
Toutes les rougeurs ne sont pas synonymes d’allergie grave, mais certains signes doivent faire réagir plus vite.
Signes possibles d’allergie alimentaire
- Peau
- plaques rouges, boutons type urticaire,
- gonflement des lèvres, des paupières, du visage.
- Digestif
- vomissements répétés,
- diarrhée importante, parfois avec sang,
- douleurs abdominales intenses (bébé qui se replie, pleure beaucoup).
- Respiratoire / général
- toux, gêne respiratoire, sifflements,
- voix qui devient enrouée, bébé qui bave beaucoup d’un coup,
- bébé très pâle, mou, difficile à réveiller.
Que faire en cas de signes inquiétants ?
Si trouble respiratoire, gonflement important du visage / de la bouche, bébé qui ne réagit plus normalement :
→ Appeler le 15 ou le 112 immédiatement (urgence vitale).- Si réaction moins brutale mais suspecte (urticaire généralisé, vomissements répétés…) :
→ appeler le pédiatre, le médecin de garde ou se rendre aux urgences selon les conseils reçus.
Si une allergie est confirmée, un allergologue pourra proposer :
- un bilan plus complet,
- parfois un plan d’introduction ou de désensibilisation,
- une ordonnance avec traitement d’urgence si nécessaire.
Allergie ou intolérance : ce n’est pas la même chose !
On mélange souvent les deux, mais ce n’est pas la même chose.
Allergie alimentaire
- Réaction du système immunitaire contre un aliment.
- Apparition souvent rapide après ingestion (minutes à heures).
- Symptômes possibles : peau, digestion, respiration, état général.
- Peut parfois être grave (choc anaphylactique).
Intolérance alimentaire
- Plutôt un problème de digestion d’un composant de l’aliment (par exemple le lactose).
- Symptômes surtout digestifs : ballonnements, diarrhée, inconfort…
- Souvent, plus l’enfant en mange, plus les symptômes apparaissent.
Dans tous les cas, c’est le médecin qui aide à faire la différence.
Bébé à risque d’allergie : que faire ?
Votre bébé est considéré “à risque” si, par exemple :
- il a un eczéma modéré à sévère,
- il y a des antécédents d’allergies alimentaires sévères chez les frères et sœurs,
- il a déjà fait une réaction à un aliment.
Dans ces situations :
- on évite de faire des tests d’introduction “chez soi” sans avis médical,
- le pédiatre ou l’allergologue peut proposer :
- un plan d’introduction personnalisé,
- parfois une première introduction d’arachide ou d’oeuf en milieu médical,
- des examens complémentaires (tests cutanés, prises de sang, etc.).
Allergènes et repas de famille : comment s’organiser ?
Le but n’est pas de mettre bébé “sous cloche” ! Mais d’avancer en sécurité vers des repas de famille partagés.
Pour la majorité des bébés sans allergie connue
- Bébé peut assez vite manger comme le reste de la famille, en version adaptée :
- textures plus molles / mixées,
- quantités de sucre et de sel limitées (pas avant 12 mois idéalement),
- morceaux adaptés à son âge.
- Les allergènes “classiques” (oeuf, blé, poisson…) font partie des aliments du quotidien, introduits progressivement.
Si une allergie est confirmée
- On suit les recommandations exactes de l’allergologue (liste d’aliments à éviter, tolérés, seuils…).
- On lit les étiquettes des produits qu’on achète (allergènes obligatoirement mentionnés en gras).
- On adapte certaines recettes :
- gâteaux sans oeufs,
- recettes sans PLV,
- options sans fruits à coque, etc.
Au fil du temps, vous construisez votre répertoire de recettes “safe” pour votre enfant, que vous pouvez proposer à toute la famille sans faire 4 repas différents.
FAQ – Questions fréquentes sur les allergènes chez le bébé
Faut-il éviter de donner de l’arachide avant 3 ans ?
Les recommandations ont évolué : on ne conseille plus forcément d’éviter l’arachide longtemps.
Au contraire, chez certains enfants à risque, une introduction précoce, progressive et encadrée peut diminuer le risque d’allergie.
Mais l’arachide est un allergène important : on ne l’introduit jamais au hasard, surtout en cas d’eczéma ou d’antécédents familiaux.
Parlez-en à votre pédiatre, qui vous dira comment faire.
Peut-on donner des fruits à coque à bébé ?
Oui, mais jamais entiers (risque d’étouffement) ! Et en suivant l’avis du pédiatre :
sous forme de poudre très fine ou de purée d’oléagineux lisse,
mélangée dans une purée, une compote ou un yaourt,
en très petite quantité au début, et un seul nouveau fruit à coque à la fois.
En cas d’allergie déjà connue aux fruits à coque ou d’eczéma important : avis médical indispensable avant d’introduire.
Que faire si bébé vomit après un nouvel aliment ?
Un vomissement seul peut aussi venir d’un virus, d’un coup de fatigue, d’une fausse route…
Mais si votre bébé :
vomit plusieurs fois,
et que c’est survenu juste après un nouvel aliment (surtout un allergène),
il vaut mieux contacter un médecin rapidement.
En cas de vomissements répétés + pâleur + bébé tout mou ou associées à d’autres signes (urticaire, difficulté respiratoire), vous appelez immédiatement le 15 / 112.
Doit-on faire des tests d’allergie avant d’introduire les aliments allergènes ?
Pas chez tous les bébés.
Pour un bébé sans signe particulier, la diversification (y compris avec allergènes) se fait en général sans tests préalables, mais de façon progressive et surveillée.
Pour un bébé à risque (eczéma, antécédents familiaux, réaction suspecte) : c’est le pédiatre ou l’allergologue qui décide s’il faut faire des tests avant certaines introductions.
Les allergènes font partie de la vie alimentaire de bébé : l’objectif n’est pas de tout éviter, mais de les introduire progressivement et intelligemment.
Vous avancez un aliment à la fois, en petite quantité, plutôt le midi, en observant bien bébé.
En cas de doute, de terrain allergique ou de réaction : le pédiatre ou l’allergologue est votre meilleur allié.












Lait de vache (protéines de lait de vache, PLV)
Oeuf (surtout le blanc)
Arachide (cacahuète)
Fruits à coque (noisette, noix, amande, pistache…)
Poisson
Crustacés / mollusques
Soja
Blé (gluten)
Sésame
Moutarde
Céleri
Si trouble respiratoire, gonflement important du visage / de la bouche, bébé qui ne réagit plus normalement :